Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/197

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chefs coupés bondissent hors des épaules et croulent sur la terre.

Debout lui-même sur un char, Vidyounmâlî transfora de ses dards aux ornements d’or le roi Soushéna et poussa maint cri de victoire ; mais celui-ci, voyant un instant propice, le saisit et soudain lui broya son char sous le coup d’une grande cime de montagne. Alors, grâce à sa légèreté naturelle, le noctivague Vidyounmâlî sauta vite à bas du char et se tint pied à terre, une massue à la main.

Aussitôt, enflammé de colère, Soushéna, le roi des singes, prit un vaste rocher et courut sur le noctivague. Néanmoins, d’un mouvement rapide, le rôdeur des nuits, Vidyounmâlî, frappa dans la poitrine avec sa massue le roi Soushéna au moment qu’il fondait sur lui. Mais le quadrumane, sans faire aucune attention à ce terrible coup de massue, envoya sa lourde roche tomber dans la poitrine même de son rival et termina ce grand combat. Tué par l’atteinte du rocher, le noctivague Vidyounmâlî tomba sur la terre, ayant son cœur moulu et sa vie brisée.

Tandis que les Rakshasas et les singes combattaient ainsi, le soleil parvint à son couchant et fut remplacé dans les cieux par la nuit destructive des existences. Alors un combat de nuit infiniment épouvantable s’éleva entre ces guerriers qu’une haine mutuelle armait l’un contre l’autre et qui tous désiraient également la victoire : « Es-tu Rakshasa ? » disaient les singes ; « es-tu un singe ? » criaient les Rakshasas ; et tous, à ces mots, ils se frappaient dans le combat de coups réciproques au milieu de cette affreuse obscurité. « Fends ! … déchire ! … amène ! » disaient les uns ; « Traîne-le ! … mets-les en fuite ! » criaient