Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/217

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bats, et traite plutôt de la paix, monarque aux dix têtes. »

À ces paroles de son épouse, le monarque des Rakshasas, poussant de longs et brûlants soupirs, regarda les membres de l’assemblée, prit ensuite la main de Mandaudarî et lui répondit en ces termes : « Ce langage, que tu m’as tenu par le désir de mon bien, reine chérie, n’est pas entré d’une manière fâcheuse dans mon esprit. Quand j’ai vaincu jadis les Nâgas, les Asouras, les Démons et les Dieux, comment irais-je m’incliner devant Râma, le protégé d’un singe ! Que diraient les Dieux, s’ils me voyaient baisser la tête devant Râma le Kakoutsthide ? Quelle serait ma vie dans la perte de ma splendeur !

« Ne laisse pas entrer le souci dans ton cœur ; je triompherai, femme au candide sourire ; je tuerai les singes, et Lakshmana, et Râma lui-même. La peur de Râma ne me fera pas lui renvoyer sa Vidéhaine : Râma d’ailleurs ne voudrait plus de la paix maintenant. Au reste, je ne veux de sa paix ni aujourd’hui, ni dans un autre temps ; va donc, aie confiance ; tout cela, noble dame, est pour nous l’aube du plaisir. »

Il dit et, d’une âme qui semblait joyeuse, il embrasse son épouse. La reine aussitôt rentra dans son brillant palais. Elle partie, Râvana de penser à cette guerre épouvantable qui avait éclaté, et, s’adressant aux Rakshasas : « Qu’on prépare vite mon char, dit-il, et qu’on l’amène ici promptement ! »

Alors, au milieu des conques, des tambours et des patahas résonnants, au milieu des applaudissements, des cris de guerre et des grincements de dents, au milieu des hymnes les plus doux chantés à sa gloire, alors s’avança le plus grand des rois Yâtavas.