Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/231

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Kêlâsa, monté sur huit roues, bruyant comme les grands nuages et long de cinq stades.

Inondé par des pluies de fleurs, le front abrité d’une ombrelle, une pique émoulue à sa main, ivre du sang dont il s’était gorgé, et dans la fureur de l’ivresse, tel sortait le plus terrible combattant des Yâtavas.

Grand, terrible, large de cent arcs, haut de six cents brasses, les yeux comme les roues d’un char, il ressemblait au sommet d’une montagne.

« Au reste, la racine des maux de Lankâ, c’est l’aîné des Raghouides avec Lakshmana ; lui mort, tout est mort, se disait-il : je vais donc le tuer dans cette bataille. »

Tandis que le Rakshasa Koumbhakarna s’avançait, des prodiges d’un aspect sinistre se manifestaient de tous les côtés.

Des chacals aux formes horribles glapirent et leurs gueules jetèrent des bouffées de flammes ; les oiseaux annoncèrent des augures sinistres. Un vautour s’abattit sur le char du héros en marche pour le combat ; son œil gauche tressaillit et son bras gauche trembla. Son pied frémit, son poil se hérissa, sa voix même changea de nature au moment qu’il entra sur le champ de bataille. Un météore igné tomba flamboyant du ciel avec un fracas épouvantable, la clarté du soleil fut éclipsée et le vent fut sans haleine.

Mais, sans tenir compte de ces grands signes, qui tous se levaient pour annoncer la fin de sa vie, Koumbhakarna sortit, l’âme égarée par la puissance de la mort.

Aussitôt que le vigoureux colosse eut passé le seuil de la cité, il poussa une clameur immense, qui fit résonner tout l’Océan, produisit au milieu des airs l’effet d’un ouragan impétueux et fit trembler, pour ainsi dire, les