Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/232

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montagnes. Dès qu’ils virent s’avancer le monstre aux yeux épouvantables, que n’auraient pu tuer Yama, Maghavat et Varouna, tous les singes de courir çà et là.

À la vue de Gavâksha, de Çarabha, de Nîla et du robuste Koumouda, qui s’enfuyaient, oublieux de leur vaillance, de leurs familles et d’eux -mêmes, le fils de Bâli, Angada, leur jeta ces paroles : « Où allez-vous, tremblants comme des singes vulgaires ? Vous courez là ? Revenez ! Quoi ! vous croyez sauver ainsi votre vie ? Mais où irez-vous, chefs des singes, que la mort n’y soit pour vous ? Puisque la mort est une nécessité, ce qui va le mieux à des gens tels que vous, c’est de mourir en combattant. »

Rassurés avec peine et s’appuyant l’un sur l’autre, les singes restent enfin de pied ferme sur le front de la bataille, tenant à leurs mains des rochers et des arbres. Revenus sur leurs pas, les sylvicoles guerriers, bouillants d’ardeur, comme des éléphants pleins d’ivresse, se mettent à frapper dans une extrême fureur Koumbhakarna de tous les côtés ; mais en vain le frappait-on avec des rochers, avec des sommets élevés de montagnes, avec des arbres aux cimes fleuries, il n’en était pas ébranlé.

Irrité, Koumbhakarna de broyer dans un souverain effort les armées des singes vigoureux, comme un feu allumé dévore les forêts.

Enfin, battus par le terrible Démon, les singes tremblants se sauvent dans la route même par laquelle tous ils avaient traversé la mer. Traversant d’un bond ce large détroit, courant en avant, le visage consterné d’épouvante, ils ne s’arrêtaient pas à regarder ces lieux profonds. Les uns franchissent la mer, les autres s’envolent