Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/244

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cées, soudain les flèches sortent des plaies et leur corps est guéri même de toutes ses blessures.

Alors tous les singes privés de la vie sortirent de la mort, comme on sort du sommeil à la fin de la nuit ; et, poussant des cris de joie, ils se relevaient tout à coup, célébrant à l’envi ce glorieux fils du Vent !


Quand Indradjit, victorieux dans la guerre, eut mis l’armée des singes en déroute, il revint du combat et rentra dans la ville. Mais bientôt, saisi d’une grande colère au souvenir mainte et mainte fois renouvelé des Rakshasas, tombés morts sous les coups des singes, le héros prit de nouveau le chemin de la sortie. Dès qu’il eut franchi d’un pied rapide le seuil de la porte occidentale, le puissant noctivague résolut de mettre en œuvre la magie pour fasciner les quadrumanes hôtes des bois.

Le cruel fit donc par la vertu de sa magie un fantôme de Sîtâ, montée dans son char : puis, guerrier habile en l’art des combats, il s’avança dans le champ de bataille, la face tournée vers les singes. À peine ont-ils vu le Rakshasa venir de la ville, ceux-ci, brûlants de combattre, s’élancent, enflammés de colère et les mains pleines de rochers. Devant eux marchait le noble Hanoûmat, tenant levé un faite de montagne, sommet immense et d’un poids accablant.

Il vit, montée sur le char d’Indradjit, la Sîtâ, plongée au fond de la tristesse, les cheveux renoués dans une seule tresse et le corps exténué de jeûnes. À cette vue de la Mithilienne, assise dans le char, l’air consterné et les membres souillés d’impuretés, son âme se troubla et des larmes noyèrent son visage. À peine eut-il vu la Sîtâ morne, pleine de méfiance, amaigrie de privations, déchi-