Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/243

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cachèrent à l’instant même dans l’invisibilité. Le noble singe, ne les voyant pas, s’irrite ; il pousse un cri de colère, il ouvre sa bouche, il cligne tout indigné ses yeux et jette ces paroles au roi de la montagne :

« Est-ce une sage pensée à toi de montrer une telle insensibilité pour le noble Raghouide ? Vaincu par la force de mon bras, vois ! à l’instant même, roi des grandes montagnes, tes débris vont ici joncher la terre ! » Soudain ce magnanime, embrassant la cime, rompit violemment, d’un seul coup, dans sa fougue, le sommet flamboyant et le sépara de la montagne avec ses éléphants, son or et sa richesse de mille métaux.

Quand il eut déraciné ce plateau, il s’élança dans les cieux avec lui et, déployant sa vitesse impétueuse, effrayant les mondes, les princes des Asouras, les Dieux mêmes et le roi des Souras, il s’en alla rapidement célébré à l’envi par les chœurs des Immortels et des Siddhas. Cette montagne répandait une splendeur éclatante sur le fils du Vent, tel qu’une montagne lui -même, comme le tchakra de feu jette dans les cieux sa lumière flamboyante sur Vishnou, quand ce Dieu s’est armé de son disque aux mille tranchants.

Aussitôt qu’ils ont aperçu Hanoûmat, les singes de pousser leurs acclamations de joie ; le Mâroutide, de son côté, jette un cri de triomphe à la vue des singes, et les habitants de Lankâ eux -mêmes, au bruit de ces clameurs effrayantes, crient d’une manière encore plus épouvantable. Admiré par les plus nobles chefs des simiens et loué par Vibhîshana lui-même, le héros, tenant la cime de montagne, descendit au milieu de cette armée quadrumane. À peine les deux fils du monarque issu de Raghou ont-ils respiré l’odeur exhalée des célestes pana-