Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/250

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mépriser ta valeur, te ferai mordre la poussière à cette heure même, ô le plus vil des Rakshasas ! »

À ces mots, Lakshmana d’une grande vitesse plongea dans le fils de Râvana une flèche à cinq nœuds, lancée d’une corde tirée jusqu’à son oreille. Atteint par ce trait, le Râvanide en colère de blesser à son tour Lakshmana avec trois dards bien décochés.

Lakshmana irrité arrache ces terribles flèches et, d’un visage intrépide, jette dans le combat ces mots au Râvanide : « Ce tir, noctivague, n’est pas celui des héros, une fois arrivés sur un champ de bataille ; car ces flèches, venues de ta main, sont légères et n’ont pas une grande force. Voici de quelle manière dans un combat tirent les héros qui désirent la victoire ! » Le guerrier à ces mots le perça cruellement de ses flèches. Brisée par les dards sur le sein du noctivague, sa vaste cuirasse d’or tombe çà et là sur le fond du char, comme on voit filer dans le ciel une multitude d’étoiles. Sa cotte de maille enlevée par les flèches de fer, le héros Indradjit, tout sanglant de ses blessures, parut aux yeux dans la bataille comme un kinçouka en fleurs. Tous les membres hérissés de flèches, ces deux héros à la grande vigueur combattirent, inondés par leur sang de tous les côtés et respirant d’un souffle haletant. L’homme et le Démon exposaient aux yeux dans ce combat leur terrible vigueur : de l’un à l’autre passait une ardeur à détruire, légère, variée, sûre.

Le ciel était labouré de leurs flèches entremêlées ; leurs dards à milliers brisaient et fendaient les airs.

Tantôt Lakshmana touchait le Râvanide et tantôt le Râvanide touchait Lakshmana : aussi régnait-il dans cette lutte de l’un avec l’autre une effrayante instabilité. Enfin