Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/249

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l’heure, sous les coups de mes pattiças, de mes épées, de mes traits à sarbacane, je vous plongerai tous, percés de mes flèches aiguës, dans la noire habitation d’Yama ! »

À peine eut-il entendu cette jactance du prince des Yâtavas, Lakshmana, plein de colère, lui répondit en ces mots, prononcés d’une voix que la peur ne troublait pas : « On aborde aisément avec la langue au rivage des faits ; mais le propre du sage, ô le plus vil des Rakshasas, c’est de prendre terre avec un acte à cette rive ultérieure des actes.

« Le feu brûle sans parler et le soleil échauffe en silence ; le vent brise les arbres, sans leur jeter un seul mot d’outrage. » Le puissant héros, à qui ce langage était adressé, Indradjit, habitué à vaincre dans les combats, saisit un arc épouvantable et se mit à lancer des flèches acérées. Décochés par le guerrier vigoureux, ces dards, pareils au poison des serpents, atteignent Lakshmana et continuent leur vol en sifflant comme des reptiles.

Tous ses membres percés par cette multitude de flèches, le beau Lakshmana, baigné de sang, brillait alors sous la couleur d’un feu sans fumée.

Indradjit, admirant son exploit, s’enorgueillit, jeta au loin un immense cri et tint ce langage : « Frappé de mes flèches, tu vas rester ici gisant, tes membres supérieurs déchirés, les sens troublés, ta cuirasse tombée sur la terre et ton arc en morceaux échappé de ta main ! »

Au fils de Râvana, à qui la colère avait dicté ces mots outrageants, Lakshmana répondit en ces termes convenables et pleins de raison : « Pourquoi viens-tu, Rakshasa, te vanter ici, n’ayant rien fait encore ? C’est moi qui, sans t’avoir dit une seule injure, sans me vanter, ni