Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/255

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Entrés dans la ville de Lankâ, les noctivagues, reste échappé de l’armée détruite, s’en vont, éperdus, consternés, la cuirasse déchirée, le corps accablé de fatigue, au palais de Râvana et lui annoncent que le Râvanide a succombé dans la bataille sous le fer de Lakshmana.

Le despote aux longs bras s’évanouit ; hors de lui-même, il perdit le sentiment ; et, quand la connaissance lui fut revenue longtemps après, ce roi, que la perte de son fils torturait de chagrin, ce monarque suprême des Rakshasas, gémit, consterné et dans le trouble des sens :

« Hélas, mon fils ! Indradjit aux vastes forces, toi, le plus formidable des armées Rakshasîs, comment aujourd’hui as-tu subi le joug de Lakshmana ? Yama est un Dieu, que désormais j’estimerai davantage, lui, par qui tu fus attelé, mon ami, sous le grand joug de la mort ! Hélas ! c’est le chemin battu des héros, dans les troupes mêmes, où tout guerrier est un immortel. Mais, s’il a sacrifié sa vie pour son maître, l’homme au cœur mâle entre aussitôt dans le Swarga.

« Abandonnant, et l’hérédité du trône, et Lankâ, et l’empire même des Rakshasas, et ta mère, et moi, et ton épouse, où t’en es-tu allé, après que tu nous eus tous délaissés ! N’était-ce pas à toi, héros, de célébrer mes funérailles, alors que je serais descendu au séjour d’Yama ? Et les rôles sont ici renversés ! »

Tandis qu’il gémissait ainsi, les yeux baignés de larmes, il tomba en défaillance.

Le héros, affligé par la mort de son fils, Râvana, en proie à la plus vive douleur, tourna les regards de sa pensée vers Sîtâ et résolut de lui ôter la vie.

« Mon fils, pour fasciner les singes, leur fit voir avec le