Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/256

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secours de la magie un fantôme de même taille et de même figure ; puis, ayant paru le tuer, s’écria : « La voici, votre Sîtâ ! » Moi, au contraire, je veux pour mon plaisir faire de cette illusion une réalité ; je tuerai cette Vidéhaine, trop fidèle au kshatrya, son époux ! »

Il dit ; et le monarque eut à peine articulé ces mots adressés aux ministres, qu’il dégaina son épée de bonne trempe, éclatante comme un ciel sans nuage. Il sortit promptement du palais à pas rapides, et chaque pied, qu’il posait en colère sur le sol, ébranlait toute la terre.

Dans ce même instant, un conseiller honnête, judicieux et doué de science, Avindhya tint ce langage au monarque des Rakshasas, mal contenu par ses ministres : « Comment donc, toi, en qui nos yeux voient un fils de Viçravas, peux-tu, sans manquer à ta dignité, égorger la Vidéhaine dans ce moment où la colère te fait oublier ce qui est le devoir ? tuer une femme est une action qui ne te sied d’aucune manière, à toi, né dans la plus éminente famille, recommandé par la célébration des sacrifices et distingué surtout par ta haute sagesse.

« Regarde cette Vidéhaine, douée de toute beauté et si charmante à voir ; puis, va dans cette bataille même décharger ta colère allumée sur le Raghouide ! Une fois que tu auras tué dans un combat, il n’y a nul doute, Râma le Daçarathide, sa Mithilienne retombera de nouveau dans tes mains. »

À ces mots, le vigoureux Démon retint le monarque malgré lui et réussit à l’emmener hors de la présence de Sîtâ. Le tyran à l’âme cruelle abaissa un long regard sur la beauté de sa captive, ornée de toutes les perfections, et sa colère s’éteignit au même instant. Il retourna donc à