Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/257

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son palais et rentra dans la salle du conseil, environné de ses amis.

Ensuite, monté dans son char, attelé de chevaux rapides, l’éminent héros sortit de la ville par cette porte même que tenaient investie Râma et Lakshmana. Aussitôt le soleil éteint sa lumière, les plages du firmament sont enveloppées d’obscurité, les nuages mugissent avec un bruit épouvantable et la terre chancelle. Une pluie de sang tombe du ciel, les coursiers bronchent dans leur chemin, un vautour s’abat sur son drapeau, et des chacals hurlent d’une manière sinistre. On vit une troupe de vautours qui volaient en cercle autour du roi magnanime ; on vit enfin les coursiers réunis dans son attelage verser eux-mêmes des larmes.

Mais, sans même penser à ces prodiges souverainement épouvantables, Râvana, que la mort poussait en avant pour sa ruine, sortit, aveuglé par sa folie. Cependant, au roulement des chars de ces Rakshasas, impatients de combattre, l’armée des singes eux-mêmes s’était avancée pour accepter la bataille.

Enflammé de colère, le monarque aux vastes forces, à la vaillance éminente, déchire les corps des simiens par des grêles de flèches. Il s’avançait dans le champ de bataille, comme le soleil dans les plaines du ciel, et dardant ses flèches, telles que des rayons épouvantables, il courait furieux sur les généraux des singes. Hors d’eux-mêmes, agités par la crainte, le corps sillonné de blessures, les simiens alors de s’enfuir çà et là, tout baignés de leur sang. Mais bientôt les singes vaincus, faisant à la cause de Râma le sacrifice de leur vie, reviennent au combat, armés de roches et poussant des cris. Ils fondirent avec des arbres, avec leurs poings, avec des cimes de monta-