Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/285

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la mer combat avec les torrents de ses ondes le feu qui s’élève pour la destruction du monde à la fin d’un youga.

Mais, tel que le feu dévore les sauterelles, la grande pique de l’Yâtou consuma les traits que lui décochait l’arc de son rival. En voyant ses dards brisés au milieu des airs et réduits en cendres au seul toucher de cette lance, le Raghouide fut saisi de colère. Il empoigne dans une ardente fureur la pique de fer que Mâtali avait apportée et qu’Indra lui -même estimait grandement. À peine eut-il d’une main vigoureuse élevé cette arme, bruyante de ses nombreuses clochettes, que le ciel en fut tout illuminé, comme par le météore de feu qui incendie le monde à la fin d’un youga. Il envoya cette pique frapper la grande lance du monarque des Yâtavas, qui, brisée en plusieurs morceaux, tomba, ses clartés éteintes.

Ensuite Râma de lui abattre ses coursiers aussi rapides que la pensée avec des traits acérés, perçants, à la grande vitesse, au toucher pareil à celui du tonnerre. Cela fait, le Raghouide blesse Râvana de trois flèches aiguës dans la poitrine, et lui fiche de toutes ses forces trois autres dards au milieu du front. Le corps tout percé de flèches, le sang ruisselant de ses membres, l’Indra blessé des Rakshasas paraissait alors comme un açoka en fleurs planté au milieu des armées.

Ensuite l’héroïque Daçarathide, tout brûlant de courroux, se mit à rire et tint ce langage mordant à Râvana : « En châtiment de ce que tu entraînas du Djanasthâna ici mon épouse, tu vas perdre la vie, ô le plus vil des Rakshasas ! Abusant d’un moment, où j’avais quitté ma Vidéhaine, tu me l’as ravie, triste, violentée, sans égard à sa qualité d’anachorète, et tu penses : « Je suis un héros ! »