Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/286

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Tu exerces ton courage sur des femmes sans défense, ravisseur des épouses d’autrui ; tu fais une action d’homme lâche, et tu penses : « Je suis un héros ! » Tu renverses les bornes, Démon sans pudeur, tu désertes les bonnes mœurs, tu prends la mort comme par orgueil, et tu penses : « Je suis un héros ! » Parce que des Rakshasas faibles, tremblants, t’honorent comme d’un culte, tu penses en ton orgueil et ta hauteur : « Je suis un héros ! » Tu m’as ravi mon épouse au moyen de la magie, qui fit paraître à mes yeux ce fantôme de gazelle : c’était bien montrer complétement ton courage et tu fis là un exploit merveilleux !

« Je ne dors, ni la nuit, ni le jour, noctivague aux actions criminelles ; non ! Râvana, je ne puis goûter de repos, tant que je ne t’aurai pas arraché de ta racine ! Qu’ici donc aujourd’hui même, de ton corps percé de mes dards et abattu sans vie, les oiseaux du ciel tirent les entrailles, comme Garouda tire les serpents ! »

À ces mots, l’héroïque meurtrier des ennemis, Râma d’inonder avec les averses de ses flèches Râvana, qui se tenait dans la foule de ses Rakshasas. La colère avait doublé en ce guerrier aux travaux infatigables dans la guerre son courage, sa force et son ardeur pour le combat.

En butte aux averses de flèches que décochait Râma, aux pluies de pierre que jetaient les singes, le trouble envahit le cœur du monarque aux dix têtes. Toutes les flèches, tous les javelots divers lancés par lui ne suffisaient plus aux nécessités du combat ; tant il marchait rapidement vers l’heure fixée pour sa mort ! Aussitôt que le cocher, par qui ses coursiers étaient gouvernés, le vit tomber dans un tel affaissement, il se mit, troublé lui-