Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/288

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siers, et, dans un instant, le grand véhicule du souverain des noctivagues fut arrivé devant le char du Raghouide.

À l’aspect de ce char pareil aux nuages, qui, attelé de chevaux noirs, se précipitait sur lui, et, revêtu d’une formidable splendeur, semblait soutenu sur les humides nuées au milieu des airs, Râma dit à Mâtali, cocher du puissant Indra :

« Mâtali, vois ce char de l’ennemi qui fond sur nous avec colère et d’un bruit égal à celui d’une montagne qui se déchire, fendue par un coup de tonnerre. Marche au-devant du char de mon rival et tiens ferme, sans négligence ; je veux l’anéantir, comme le vent dissipe le nuage qui s’est élevé dans les cieux. Je le sais, il n’est rien qui soit à corriger en toi, digne du char d’Indra ; mais je désire combattre, c’est là ma seule pensée : c’est donc une chose que je rappelle à ta mémoire ; ce n’est pas un avis que je veuille te donner. » Satisfait par ce langage de Râma, Mâtali, le plus excellent des cochers, poussa rapidement son char.

Il fut grand le combat de ces deux guerriers, affrontés l’un contre l’autre, animés par un désir mutuel de s’arracher la vie et comme deux éléphants rivaux, ivres de colère et d’amour. Bientôt les Rishis du plus haut rang, les Siddhas, les Gandharvas et les Dieux, intéressés à la mort de Râvana, se rassemblent pour contempler ce duel en char.

Le combat de ces deux rivaux fut léger, varié, savant ; ils se portaient mutuellement des blessures, enflammés par l’ambition de triompher. Étalant toute leur vitesse de main et frappant les dards avec les dards, ils encombraient le ciel de flèches pareilles à des serpents. En même temps s’élevèrent des prodiges horribles, épouvantables,