Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/287

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

même, à tirer peu à peu le char de son maître hors du champ de bataille.


Irrité jusqu’à la démence, aveuglé par la puissance de la mort, Râvana, saisi de la plus ardente colère, dit à son cocher : « Pourquoi, sans tenir compte de mon désir, me traitant avec mépris, comme un être faible, timide, léger, sans âme, comme un homme de force vile, dépourvu de courage et destitué d’énergie, ta grandeur fait-elle sortir mon char du milieu des ennemis ?

« Fais vite retourner le char avant que mon ennemi ne soit retiré, si tu n’es pas un rebelle, ou si tu n’as point mis en oubli ce que sont mes qualités. »

À ce langage amer, que le monarque insensé adressait au judicieux cocher, celui-ci répondit avec respect ces paroles salutaires :

« Écoute ! Je vais te dire pour quel motif ce char fut détourné par moi du combat, comme un fleuve impétueux serait détourné de la mer.

« Je pense, héros, que le grand travail de cette journée t’a causé de la fatigue : en effet, je ne te vois plus la même ardeur, ni l’air aussi dispos. À force de traîner ce fardeau, les coursiers du char sont couverts de sueur ; ils sont abattus, accablés par la fatigue. J’ai fait ce qui était convenable pour suspendre un instant ce combat entre vous et te procurer du repos, à toi et même aux coursiers du char. »

Râvana, satisfait de ce langage, dit, altéré de combat : « Cocher, fais tourner vite à ce char le front vers le Raghouide ! Râvana ne veut pas revenir sans avoir tué son ennemi dans la bataille ! » Stimulé par ces mots de Râvana, le cocher aussitôt de pousser rapidement ses cour-