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RAMAYANA

célestes, nées dans le Nandana, présent du grand Indra lui-même, et qui de loin ressemblait à des nuées d’azur. Couvert partout de singes terribles, leurs javelots à la main, il regorgeait de fleurs divines et montrait avec orgueil ses arcades en or bruni.

Apprenant que l’envoyé de Râma vient à lui sans trouble, Sougrîva commande aux ministres d’aller à sa rencontre, et ceux-ci l’abordent, tenant les paumes des mains réunies en coupe à leurs tempes. Lakshmana de parler aux conseillers, Hanoûmat à leur tête, en observant les bienséances, non par timidité d’âme, mais par le sentiment des convenances ; puis, officiellement reconnu, il entra dans le palais. Quand ce guerrier, le devoir même incarné, eut franchi trois cours toutes couvertes de chars-à-bancs, il se vit en face du vaste sérail, que défendait une garde bien nombreuse. On y voyait briller çà et là beaucoup de trônes faits d’or et d’argent et sur lesquels s’étalaient de riches tapis. Là, il entendit un chant doux et des plus ravissants, qui se mariait à l’unisson des flûtes, des lyres et des harpes.

Le frère puîné de Bharata vit dans le palais du monarque un grand nombre de femmes avec différents caractères de figure, mais toutes fières de leur jeunesse et de leur beauté. Parées des plus riches atours, de bouquets et de guirlandes variées, elles étaient revêtues de robes différentes par les couleurs et n’étaient pas moins distinguées par la politesse que par la beauté.

Quand le héros eut comparé la joie de Sougrîva à la tristesse de son frère aîné, ce parallèle accrut encore plus dans son cœur la puissance de sa colère. À peine Angada l’eut-il vu irrité comme le roi des Nâgas ou comme le feu allumé pour la destruction du monde, qu’une vive émo-