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RAMAYANA

tion le saisit tout à coup, et son visage fut couvert de confusion. Les autres singes, qui gardaient la porte ou circulaient dans les cours du palais, s’inclinèrent humblement et leurs mains réunies en coupe devant Lakshmana.

Ensuite, il vit assis dans un trône d’or, éclatant à l’égal du soleil, couvert de précieux tapis, élevé au sommet d’une estrade, le roi des singes vêtu d’une robe divine, enguirlandé de fleurs célestes, frotté d’un onguent divin et les membres éblouissants de parures toutes divines : on eût dit l’invincible Indra même incarné sur la terre. Des femmes d’une beauté supérieure l’environnaient par centaines de mille : telles, sur le Mandara, de célestes Apsaras font cercle autour de Kouvéra. Lakshmana vit aussi les deux épouses, Roumâ, qui se tenait à la droite, et Târâ à la gauche du magnanime Sougrîva. Il vit encore à ses côtés deux femmes charmantes agiter sur le front du roi l’éventail blanc et le blanc chasse-mouche aux ornements d’or bruni.

À la vue de cette voluptueuse indolence, à la comparaison qu’il en fit avec la peine immense de son frère, Lakshmana sentit redoubler sa fureur. À peine Sougrîva eut-il aperçu Lakshmana, les yeux rouges de colère, la vue errante de tous les côtés, ridant son visage par la contraction des sourcils, mordant sa lèvre inférieure sous les dents, poussant maint et maint soupir long et brûlant, irrité enfin comme le serpent aux sept têtes enfermé dans un cercle de feux ; à peine, dis-je, l’eut-il vu, les yeux rouges de colère, tenant son arc empoigné, qu’il se leva soudain et porta les mains en coupe à ses tempes.

Quand le héros fut entré dans son intérieur : « Assieds-toi là ! » dit le roi des singes.

Alors, poussant un long soupir, comme un reptile en-