Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/64

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de sa carrière, verser dans le ciel une abondante expansion de sa lumière et se promener dans le troupeau des étoiles, comme un taureau enflammé d’amour au milieu du parc aux génisses. Il vit l’astre aux rayons froids éteindre en s’élevant les chaleurs dont le monde avait souffert pendant le jour, enfler même les eaux de la grande mer, éclairer enfin toutes les créatures.

Il était semblable aux soirs du Paradis, cet heureux soir, qui répandait tant de charmes dans la nuit par le magnifique lever de la lune éclatante ; cette nuit où circulent et les Rakshasas et les animaux carnassiers, mais dans laquelle Râma envoyait alors ses pensées vers sa gracieuse épouse. Le singe intelligent voit dans ses courses les maisons pleines de gens ivres ou somnolents, de trônes, de chars, de chevaux, et remplies même des dépouilles conquises par la main des héros. Ils se rabaissent les uns les autres dans leurs discours, ils jettent à droite et à gauche leurs bras énormes, ils sèment de part et d’autre les propos obscènes et se provoquent mutuellement comme des gens ivres.

Le singe vit encore là maintes sortes d’Yâtoudas d’une intelligence supérieure, d’une brillante nature, pleins de foi, riches en trésors de pénitence et l’âme recueillie dans la lecture des Védas. La vue des Rakshasas difformes lui inspira le dégoût ; mais il vit avec plaisir ceux qui étaient doués d’une jolie forme, ceux qui étaient dignes, ceux qui avaient de la conduite et de la décence, ceux que distinguaient plusieurs bonnes qualités et qui n’étaient pas en désaccord avec leur noble origine. Il vit aussi leurs femmes de penchants bien purs, d’une haute majesté, épouses assorties aux maris, brillantes à l’égal des étoiles et dont le cœur était lié au cœur de leurs époux.