Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/81

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dit ces mots prononcés avec lenteur : « C’est une chose honteuse, que je ne dois pas faire, moi, vertueuse épouse, entrée dans une famille pure et née dans une illustre famille. »

Quand elle eut parlé de cette manière à l’Indra des Rakshasas, la chaste Vidéhaine au charmant visage tourna le dos à Râvana et lui dit encore ces paroles : « Je suis l’épouse d’un autre, je ne puis donc être une épouse convenable pour toi ; allons ! jette les yeux sur le devoir ; allons ! suis le sentier du bien ! De même que tu défends tes épouses, ainsi dois-tu, nocturne Génie, défendre les épouses des autres.

« Ou les gens de bien manquent ici, ou tu ne suis pas l’exemple des gens de bien : ce métier, dont tu parles, c’est ce que les sages nomment le crime. Bientôt Lankâ, couverte par des masses de pierreries, Lankâ, pour la faute de toi seul, va périr, malheureuse de ce qu’elle eut pour maître un insensé. À la vue du malheur tombé sur ton âme scélérate : « Quel bonheur ! s’écrieront avec joie tous les hommes ; ce monstre aux actions féroces a donc enfin trouvé la mort ! »

« Ni ton empire, ni tes richesses ne peuvent me séduire : je n’appartiens qu’à Râma, comme la lumière n’appartient qu’à l’astre du jour !

« Ne fus-je pas légalement unie pour son épouse à ce bien magnanime, comme la science est unie au brahme, qui a dompté son âme et reçu l’initiation après le bain cérémoniel ? Allons, Râvana ! allons ! rends-moi à Râma dans ma douleur, comme la femelle chérie d’un noble éléphant, qu’on ramène à son époux amoureux dans la grande forêt.

« La raison te commande, Râvana, de sauver ta ville