Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/94

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gnanime Djanaka, le roi du Vidéha : on m’appelle Sîtâ, et je suis l’épouse du sage Râma. »

À ces paroles de Sîtâ, le noble singe Hanoûmat lui répondit en ces termes, l’âme partagée entre la douleur et le plaisir :

« C’est l’ordre même de Râma qui m’envoie ici vers toi en qualité de messager : Râma est bien portant, belle Vidéhaine ; il te souhaite ce qu’il y a de plus heureux. Lakshmana aux longs bras, la joie de Soumitrâ, sa mère, te salue, inclinant sa tête devant toi, mais consumée par la douleur, car tu es toujours présente à la pensée de ton fils[1], comme un fils est toujours présent à la pensée de sa mère. Ce Démon, qui, un jour, dans la forêt, te fait dire ici Lakshmana par ma bouche ; ce Démon, qui avait séduit tes regards, reine, sous la forme empruntée d’une gazelle ravissante au pelage d’or, mon frère aîné, qui pour moi est égal à un père, Râma aux yeux beaux comme des lotus, Râma, à qui le devoir est connu dans sa vraie nature, l’a tué avec justice en lui décochant une grande flèche aux nœuds droits.

« Mârîtcha, en tombant, a jeté son cri au loin.

« Le vertueux Lakshmana, pour te faire plaisir, obéit docilement aux paroles mordantes que tu lui fis entendre à cette occasion ; car ton jeune beau-frère est pour toi, reine, toujours plein d’une respectueuse soumission… »

À ces mots, le singe de s’incliner devant elle et Sîtâ

  1. Il est comme le fils de Sîtâ, par suite de son mariage avec Râma. Nos lecteurs n’ont sans doute pas oublié cette maxime répétée mainte fois dans le cours du poëme : un frère aîné est comme le père de son frère puîné ; le frère puîné est comme le fils de son frère aîné.