Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/95

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de pousser à cette vue un long et brûlant soupir : « Si tu es Râvana lui-même, qui, aidé par la puissance de la magie, vient ajouter une nouvelle douleur à mon chagrin, lui dit cette femme au visage brillant comme la lune, tu ne fais pas une belle action. Mais salut à toi, noble singe, si tu es un messager envoyé par mon époux ! Je demande que tu me fasses de lui un récit qui me ravira de plaisir. Raconte-moi les vertus de mon bien-aimé Râma : tu entraînes mon âme, beau singe, comme la saison chaude emporte la rive du fleuve. Mais ceci n’est, hélas ! qu’un songe ! c’est un songe qui présente le singe à mes yeux ! car ce rêve, il m’enivre d’une grande béatitude, et la béatitude n’est donnée à personne ici-bas.

« Oh ! qu’il y a de charmes en toi, songe ! puisque, dans mon triste abandon même, je te vois sous mes yeux comme un habitant des bois, qui m’est envoyé par le noble enfant de Raghou !

« Cette vision aurait-elle sa cause dans le trouble de mon esprit ? est-ce délire, hallucination, folie ? ou n’est-ce qu’un effet du mirage ?

« Ou plutôt ce n’est pas égarement, ni délire, ou signe d’un trouble dans mon esprit : je vois bien que le singe est ici une réalité. »

Ensuite, la fille du roi Djanaka eut le désir de connaître mieux le singe, et, cette pensée conçue, la Mithilienne de lui parler en ces termes :

« Puisque tu es le messager de Râma, veuille bien encore, ô le meilleur des singes, me dire avec le secours des comparaisons quel est ce Râma, allié des singes, habitants des bois ? »

À ces paroles de Sîtâ, l’auguste fils du Vent lui répondit en ces mots doux à l’oreille :