Page:Rambert - Études littéraires, t2, 1890.djvu/301

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le mystère rneme de l’existence, entre la puissance qui crée et les forces qui dissolvent, entre la mémoire et l’oubli, entre la vie et la mort.

Ce qui fait l’originalité de Leconte de Lisle au milieu de tous ces ouvriers de poésie qui travaillent ensemble, ou séparément, à reconstituer l’image du passé, c’est qu’il vise haut et loin. De quelque côté que se porte sa pensée, elle aspire aux origines, ou plutôt, car il ne s’agit pas ici d’une simple question de temps, mais d’une question morale, aux types originaux et premiers. Les mots eux-mêmes l’indiquent : partout où il y a une originalité puissante, il y a aussi une origine. On trouve toujours un homme, une âme, au commencement des évolutions morales que l’histoire voit s’accomplir. C’est jusqu’à ces hommes-types que Leconte de Lisle pretend remonter. Il a une théorie, que je ne vous donne pas pour vraie, qui est sa faiblesse, peut-être, autant que sa force, mais à laquelle il reste fidèle, c’est qu’il n’y a de grand que le primitif. Ce qui vient après n’est que dégénérescence et compromis. Hors des types purs, point de salut.

L’exemple le plus frappant qu’on en puisse indiquer est dans la manière dont il traite le christianisme. Je vous ai dit qu’il en avait écrit une petite histoire, destinée à être populaire. Elle commence à la première Pentecôte, pour se terminer au XVIe siècle. Toutes les ignorances, toutes les erreurs, toutes les