Page:Raoul - Trois satiriques latins, vol 1 Juvénal, 1842.djvu/163

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Le Liburne est venu trop tard : malheur à lui !
Il sera châtié pour le sommeil d’autrui.
L’un rougit de son sang les verges ;
L’autre, tunique bas, reçoit les étrivières ;
Celui-là du bâton se sent meurtrir le dos.
On en voit, à l’année, employer des bourreaux.
On frappe ! elle relève un journal de dépense,
On fait à son amie admirer l’opulence
D’un tissu rehaussé de larges franges d’or.
On frappe. Elle se farde. On frapperait encor ;
Mais les bourreaux sont las. Allons, c’est fait, dit-elle,
Sortez. De Phalaris la cour fut moins cruelle.
Veut-elle, en nos jardins, au milieu des Laïs,
Ou devant les autels de la commode Isis,
Se montrer plus parée encor qu’à l’ordinaire ?
Une Psécas tremblante, empressée à lui plaire,
La sein nu, les cheveux assemblés au hasard,
Accourt pour lui prêter le secours de son art.
Misérable ! pourquoi cette mèche trop haute ?
Soudain le nerf de bœuf a puni cette faute.
Ce crime qui jamais ne peut être expié,
Cet horrible forfait d’un cheveu mal plié !
Cette pauvre Psécas ! quel excès d’injustice !
Si ton nez te déplaît, faut-il qu’elle en pâtisse ?
Le côté gauche enfin, sous des doigts plus savants,
Se démêle, se roule en longs anneaux mouvants,
Là se trouve et préside une vieille édentée,
De l’aiguille aux fuseaux avec l’âge montée.
Elle opine d’abord, et les jeunes après,
Comme lorsqu’il s’agit, en un grave procès,
De sauver d’un client ou l’honneur ou la vie !
Tant elle a de briller une indomptable envie !
Au port de cette femme, à ses cheveux bouclés,
En étages nombreux sur son front assemblés,
En face vous diriez d’Hector la veuve altière ;