Page:Raoul - Trois satiriques latins, vol 1 Juvénal, 1842.djvu/167

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De l’île Méroë rapporter l’onde sainte,
Et du temple d’Isis en arroser l’enceinte,
Non loin du champ modeste où le Tibre autrefois
Vit bondir les troupeaux du premier de nos rois.
Pourrait-elle hésiter, quand d’Isis elle-même
Elle croit accomplir la volonté suprême ?
Quand elle croit l’entendre ? Esprit digne en effet
Qu’un dieu pendant la nuit l’entretienne en secret !
Aussi quelle terreur, quel respect ridicule
Ne sait point inspirer à la foule crédule,
Ce fourbe environné d’un fanatique essaim
De ministres tondus et revêtus de lin,
Qui, d’un peuple abusé redoublant les alarmes,
Sous les traits d’Anubis, court et rit de ses larmes !
C’est lui dont la prière importunant les dieux,
Par des pleurs solennels et des élans pieux,
D’Osiris en fureur désarme la vengeance,
Quand de jeunes beautés, aux jours de continence,
Près d’elles par faiblesse ont admis un époux.
Quel châtiment cruel près de fondre sur vous !
Tremblez, car du serpent la tête vous menace ;
Il dit ; mais, à sa voix, Osiris leur fait grâce,
Osiris que ses pleurs et qu’un gâteau sacré,
A cet heureux pardon ont déjà préparé.
 

Une juive, laissant son foin et sa corbeille,
Vient ensuite en tremblant et mendie à l’oreille.
De Sion près d’un arbre interprétant les lois,
C’est de là que le ciel nous répond par sa voix.
Elle reçoit aussi le prix de ses prestiges ;
Mais on lui donne peu. Voulez-vous des prodiges ?
Parlez au premier juif : il vous en fournira
Au prix le plus modique, et tels qu’il vous plaira.

Un prêtre d’Arménie, espèce d’aruspice,
Aux flancs d’une colombe offerte en sacrifice,
Entrevoit, pour ta femme, un jeune et tendre amant,