Page:Raoul - Trois satiriques latins, vol 1 Juvénal, 1842.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

N’apprend point à tromper le vœu de la nature,
Et, pliant sous le joug de la nécessité,
Se soumet aux devoirs de la maternité.
L’hymen est plus commode où la richesse abonde.
Une couche dorée est rarement féconde,
Tant a fait de progrès dans son art inhumain,
Celle qui d’un breuvage exprimé de sa main,
Instruite à préparer la coupe délétère,
Sait tuer les enfants dans le sein de leur mère !
Applaudis-toi pourtant, époux infortuné ;
Et, loin de t’opposer au remède ordonné,
Toi-même à l’infidèle apporte le breuvage ;
Car, si de la nature accomplissant l’ouvrage,
De son flanc déchiré le fruit voyait le jour,
Elle ne remettrait peut-être à ton amour,
Qui sait ? qu’un Africain, monstre d’affreux présage,
Admis à partager un jour ton héritage,
Et dont, tous les matins, le visage odieux
De son horrible aspect te blesserait les yeux.

Je ne te parle pas de la femme impudente
Qui, trompant d’un époux la trop crédule attente,
Lui donne des enfants qu’elle n’a point portés ;
Malheureux orphelins sur la rive jetés,
Qui, dans l’éclat pompeux des dignités romaines,
Un jour, malgré le sang qui coule dans leurs veines,
Sous le nom des Scaurus marcheront triomphants.
La Fortune, parfois, sur ces faibles enfants,
La nuit, jette en passant un regard de tendresse,
Les réchauffe eu son sein, les berce, les carrosse,
Et de ses jeux secrets mystérieux acteurs,
Les élève en riant au faîte des grandeurs.

Un autre leur vendra des paroles magiques ;
Un autre, des poisons, des philtres thessaliques
Qui, d’un mari stupide offusquant les esprits,
Le livrent sans défense aux plus sanglants mépris