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dépenses sociales du secteur public, au développement de la petite entreprise, à la sécurité alimentaire, etc. Ces palliatifs n'ont cependant pas amené de grands changements dans les critiques que continue de formuler la plupart des organismes des Nations Unies qui s'occupent des questions sociales et des droits de l'homme en ce qui concerne l'impact négatif qui accompagne, dans ces deux secteurs, les programmes d'ajustement structurel. Il n'est que de citer la décision 1996/103 adoptée par la Commission des droits de l'homme à sa dernière session, par laquelle elle a décidé de créer un groupe de travail à composition non limitée de la Commission chargé d'élaborer un ensemble de principes directeurs de base concernant les programmes d'ajustement structurel et les droits économiques, sociaux et culturels. La décision prévoit que le Groupe se réunira une semaine avant la cinquante-troisième session de la Commission, en mars 1997.

E. Le Sommet mondial pour le développement social

95. Le Sommet mondial pour le développement social (Copenhague, 6-12 mars 1995) auquel ont participé près d'une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement, autant de représentants de diverses organisations internationales et plus de 1 000 organisations non gouvernementales, a marqué l'histoire des relations internationales. Dans sa Déclaration et le Programme d'action qui ont été adoptés, l'importance accordée aux problèmes sociaux est du même ordre que celle que reconnaissent traditionnellement les principaux dirigeants de la planète aux questions politiques, économiques et de sécurité.

96. Les dix engagements proclamés dans la Déclaration de Copenhague sur le développement social (Succinctement, il s'agit de : 1) créer l'environnement économique, politique, social, culturel et juridique voulu pour créer le développement social; 2) éliminer la pauvreté; 3) promouvoir le plein-emploi; 4) promouvoir l'intégration sociale; 5) assurer entre les femmes et les hommes l'égalité et l'équité; 6) assurer effectivement à tous un accès équitable à une éducation de qualité et aux soins médicaux; 7) accélérer le développement de l'Afrique et des pays les moins avancés; 8) veiller à ce que les programmes d'ajustement structurel comprennent des objectifs de développement social; 9) accroître le montant des ressources affectées au développement social; et 10) renforcer la coopération internationale au service du développement social par l'intermédiaire de l'Organisation des Nations Unies.) reflètent le consensus universel que suscite la dimension sociale du développement. La pauvreté, le chômage et l'exclusion sociale y sont également considérés comme trois grands problèmes sociaux qui affligent l'humanité en cette fin de siècle. Il importe de rappeler, à ce sujet, que, dans tous les sommets mondiaux de la présente décennie (A savoir la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (Rio de Janeiro, 3-14 juin 1992), la Conférence mondiale sur les droits de l'homme (Vienne, 14-25 juin 1993), la Conférence internationale sur la population et le développement (Le Caire, 5-10 septembre 1994), la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes (Pékin, 4-13 septembre 1995).), la pauvreté et son élimination sont au coeur des préoccupations.

97. Dans le domaine qui nous intéresse, les principales idées que renferme le rapport sur le Sommet de Copenhague sont les suivantes :

a) Il faut créer un climat économique, politique, social, culturel et juridique propice au développement social. Pour ce faire, le développement doit être durable, la croissance économique reposer sur une assise large et le système de libre-échange être équitable. Les programmes d'ajustement structurel devront renfermer des propositions de développement social visant particulièrement à éliminer la pauvreté, à promouvoir le plein emploi et l'emploi productif et à favoriser l'insertion sociale.

b) Eu égard aux effets pernicieux que la pauvreté a sur la vie matérielle et spirituelle de l'individu, son élimination de la surface du globe est un impératif moral, social, politique et économique de notre temps. Ainsi considérée, l'extrême pauvreté apparaît comme un outrage à la dignité humaine. Elle empêche l'individu de jouir pleinement de ses droits et le place dans une situation telle qu'il lui est impossible d'assumer ses responsabilités.