Page:Raymond Vuigner - Comment exploiter un domaine agricole.djvu/18

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des campagnards attachent aux phases de la lune pour la mise en terre de leurs semences, surtout les graines potagères, est loin de ne reposer sur aucun fondement. Ces hommes, vivant en contact permanent avec la nature, se sont parfaitement aperçus que, suivant l’heure à laquelle la lune commençait à donner sa lumière, suivant la durée du rayonnement nocturne qu’elle déterminait, elle favorisait plus ou moins les gelées, toujours à craindre aux époques printanières ou automnales des semailles.

Mais, quel que soit cet esprit d’observation, il faut reconnaître qu’à lui seul il est rarement suffisant : il est une condition essentielle du succès, il n’en est pas la condition unique. Pour qu’il puisse donner tous ses bons effets, il faut qu’il s’applique à une exploitation de médiocre étendue dont le maître est le principal ouvrier, voyant tout par lui-même et exécutant lui-même les principaux travaux de sa culture ; encore là l’expérience serait-elle utilement secondée par quelque instruction théorique, et il suffit, pour en être convaincu de considérer comment le petit agriculteur sait faire l’application des connaissances dont il a compris l’intérêt.

Connaissances nécessaires à l’agriculteur par vocation ; revue des sciences dont il doit entreprendre l’étude.

— Si nous quittons la ferme de quelques hectares, pour nous tourner vers la grande culture ; si surtout le futur exploitant, au lieu d’être fils de la terre et d’avoir grandi à la campagne, a reçu à la ville une éducation libérale, ouvrant son esprit vers des horizons tout différents de ceux de la pratique agricole, si ce futur agriculteur est un citadin que rien, ni chez lui, ni chez ses parents, ne préparait à la vie des champs, mais que des goûts personnels,révélés parfois par un séjour de vacances à la campagne, ont attiré vers la culture de la terre, un apprentissage complet du métier devient absolument indispensable, et il est aisé de voir quel cycle immense doit embrasser cette préparation spéciale. Parti des considérations les plus délicates de l’économie politique et sociale qui lui permet de régler ses contrats avec ses employés, le jeune agriculteur, après s’être arrêté à l’étude des sciences physiques et naturelles, doit revenir aux principes les plus terre à terre