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Histoire philosophique

quelquefois le feu aux cabanes des malheureux laboureurs ; & il tire impitoyablement ſur eux, lorſque, ce qui arrive rarement, ils tentent d’échapper aux flammes.

Tout eſt horrible dans la condition de ces malheureux, juſqu’à la manière dont on les force de pourvoir à leurs plus preſſans beſoins. À l’entrée de la nuit, ils ſortent en troupes plus ou moins nombreuſes, de leur retraite ; ils dirigent leurs pas vers le marché, & pouſſent des rugiſſemens à quelque diſtance. Les marchands approchent : les Pouliats demandent ce qu’il leur faut. On le leur fournit, & on le dépoſe dans le lieu même où étoit compté d’avance l’argent deſtiné au paiement. Lorſque les acheteurs peuvent être aſſurés que perſonne ne les verra, ils ſortent de derrière la haie qui les déroboit à tous les regards, & enlèvent précipitamment ce qu’ils ont acquis d’une manière ſi bizarre.

Cependant ces Pouliats, objet éternel du mépris des autres caſtes, ont chaſſé, dit-on, de leur ſein les Poulichis, plus avilis encore. L’uſage du feu leur eſt interdit. On ne leur permet pas la conſtruction des cabanes, & ils ſont réduits à occuper des eſpèces de nids