Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/141

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ſent à peine pluſieurs des paſſions qui nous agitent. Quelle ambition pourroient avoir des hommes deſtinés à reſter toujours dans le même état ? Les pratiques répétées de la religion ſont le ſeul plaiſir de la plupart d’entre eux. Ce ſont les travaux paiſibles & l’oiſiveté qu’ils aiment. On leur entend ſouvent citer ce paſſage d’un de leurs auteurs favoris : Il vaut mieux être aſſis que marcher : il vaut mieux dormir que veiller : mais la mort eſt au-deſſus de tout.

Leur tempérament & la chaleur exceſſive du climat ne répriment pas en eux la fougue des ſens pour les plaiſirs de l’amour, comme on ne ceſſe de le répéter. La multitude des courtiſanes & l’attention des pères pour marier leurs enfans, avant que les deux ſexes puiſſent ſe rapprocher, atteſtent la vivacité de ce penchant. Ils ont de plus l’avarice, paſſion des corps foibles & des petites âmes.

Leurs arts ſont très-peu de choſe. À l’exception des toiles de coton, il ne ſort rien des Indes qui ait du goût & de l’élégance. Les ſciences y ſont encore plus négligées. L’inſtruction des plus habiles bramines ſe réduit à calculer une éclipſe. Avant que les