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des deux Indes.
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Chinois, tu m’as vendu de mauvaises marchandises… Cela se peut, lui répondit le Chinois, mais il faut payer… Tu as blessé les loix de la justice, & abusé de ma confiance… Cela se peut, mais il faut payer… Mais tu n’es donc qu’un fripon, un malheureux ?… Cela se peut, mais il faut payer… Quelle opinion veux-tu donc que je remporte dans mon pays de ces Chinois si renommés par leur sagesse ? Je dirai que vous n’êtes que de la canaille… Cela se peut, mais il faut payer… L’Européen, après avoir renchéri sur ces injures de toutes celles que la fureur lui dicta, sans en avoir arraché que ces mots froids & froidement prononcés : Cela se peut, mais il faut payer, délia sa bourse & paya. Alors le Chinois prenant son argent lui dit : Européen, au lieu de tempêter comme tu viens de faire, ne valoit-il pas mieux te taire, & commencer par où tu as fini ? car qu’y as-tu gagné ?

Le Chinois n’a donc pas même un reste de pudeur commune à tous les fripons qui veulent bien l’être, mais qui ne souffrent pas qu’on le leur dise. Il est donc parvenu au dernier degré de la dépravation. Et qu’on