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des deux Indes.

rient ce qu’ils étoient auprès d’Ataïde. Un ſeul vaiſſeau, commandé par Lopès-Caraſco, ſe battit pendant trois jours contre la flotte entière du roi d’Achem. Au milieu du combat, on vint dire au fils de Lopès que ſon père avoit été tué : C’eſt, dit-il, un brave, homme de moins ; il faut vaincre, ou mériter de mourir comme lui. Il prit le commandement du vaiſſeau ; & traverſant en vainqueur la flotte ennemie, ſe rendit devant Malaca.

On retrouvoit alors dans les Portugais ces autres vertus qui ſuivent le courage : tant eſt puiſſant ſur les nations, même les plus corrompues, l’aſcendant d’un grand homme.

Thomas de Souza venoit de faire eſclave une belle femme, promiſe, depuis peu, à un jeune homme qui l’aimoit. Celui-ci inſtruit du malheur de ſa maîtreſſe, alla ſe jetter à ſes pieds, & partager ſes fers. Souza fut témoin de leur entrevue : ils s’embraſſoient ; ils fondoient en larmes. Je vous affranchis, leur dit le général Portugais ; allez vivre heureux ou vous voudrez.

Ataïde mit de la réforme dans la régie des deniers publics, & réprima l’abus le plus nuiſible aux états, l’abus le plus difficile à