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des deux Indes.
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ſouffrent ce traitement depuis plus d’un ſiècle, ne les ait avilis aux yeux de la nation qui en eſt le témoin ; & que l’amour du gain ait amené à ce point l’inſenſibilité aux outrages, ſans avoir flétri le caractère.

Des draps d’Europe, des ſoies, des toiles peintes, du ſucre, des bois de teinture, quelques épiceries, principalement du poivre & du girofle : telles font les marchandiſes qui ſont portées au Japon. Les retours ordinaires étoient très-conſidérables dans le tems d’une liberté indéfinie. Après les gênes, il ne fut annuellement expédié de Batavia que trois bâtimens qu’il fallut bientôt réduire à deux. Depuis douze ans même, on n’envoie alternativement qu’une & deux foibles cargaiſons ; ſoit que l’acheteur ait exigé cette réduction, ſoit que le vendeur y ait été déterminé par la médiocrité des bénéfices. Suivant les réglemens, tous les effets réunis ne devroient produire que 1 100 000 livres ; mais, quoique vraiſemblablement cet ordre ne ſoit pas exécuté à la rigueur, on eſt aſſuré que le gain ne paſſe pas 50 000 livres. Il ſeroit plus conſidérable, ſans l’obligation imposée aux Hollandois, d’envoyer tous les ans à la capitale