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des deux Indes.
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ſoit admis dans l’Empire avec les Hollandois, ne font pas un commerce plus étendu ; & c’eſt avec les mêmes gênes. Depuis 1688, ils ſont enfermés, tout le tems que leur vente dure, hors des murs de Nangazaki, dans une eſpèce de priſon, composée de pluſieurs cabanes, environnée d’une paliſſade, & défendue par un bon foſſé, avec un corps-de-garde à toutes les portes. On a pris ces précautions contre eux, depuis que, parmi les livres de philoſophie & de morale qu’ils vendoient, on a trouvé des ouvrages favorables au chriſtianiſme. Les miſſionnaires Européens les avoient chargés, à Canton, de les répandre ; & l’appât du gain les détermina à une infidélité qui a été sévèrement punie.

On peut croire que ceux qui ont changé l’ancien gouvernement du pays en un deſpotiſme le plus abſolu de la terre, regarderont toute communication avec les étrangers, comme dangereuſe à leur autorité. Cette conjecture paroit d’autant mieux fondée, qu’on a défendu à tous les ſujets de ſortir de leur patrie. Cet édit rigoureux, ſoutenu de la peine de mort, eſt devenu la maxime fondamentale de l’Empire.