Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/432

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
Histoire philosophique
410

joint à la tendreſſe ; & ces deux ſentimens produiſent dans des âmes ſimples, tranquilles & confiantes, une union que les années & les événemens n’altèrent que très-rarement.

La colonie, qui n’a que ſept cens hommes de troupes régulières pour ſa défenſe, compte quinze mille Européens, Hollandois, Allemands & François, dont la quatrième partie eſt en état de porter les armes. Ce nombre ſe ſeroit accru, ſi de funeſtes préjugés de religion n’euſſent repouſſé une infinité de malheureux, diſposés à aller chercher la paix & l’abondance ſous ces heureux climats. On ne comprend pas comment une république qui admet avec tant de ſuccès tous les cultes dans ſes provinces, a pu ſouffrir qu’une compagnie fermée dans ſon ſein, portât une odieuſe intolérance au-delà des mers. Si le gouvernement a jamais la force de réprimer un abus ſi opposé à ſes principes, la colonie ſe peuplera en raiſon de ſes ſubſiſtances ; & alors on pourra ſans inconvénient abolir la ſervitude qui, quoique moins peſante que par-tout ailleurs, eſt toujours une dégradation de l’eſpèce humaine.

Les eſclaves ſont au nombre de quarante