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des deux Indes.
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cent cinquante mille livres de girofle, deux cens mille livres de cannelle, trois ou quatre millions de poivre. C’étoit aſſez généralement le débouché des productions imparfaites qui n’auroient pas été vendues dans nos contrées.

Le ſoin d’exporter & de répandre les épiceries, aida les Hollandois à s’approprier beaucoup d’autres branches de commerce. Avec le tems, ils parvinrent à s’emparer du cabotage de l’Aſie, comme ils étoient en poſſeſſion de celui de l’Europe. Ils occupoient à cette navigation un grand nombre de vaiſſeaux & de matelots, qui, ſans rien coûter à la compagnie, faiſoient ſa sûreté.

Des avantages ſi déciſifs écartèrent longtems les nations qui auroient voulu partager le commerce de l’Inde, ou les firent échouer. L’Europe reçut les productions de ce riche pays, des mains des Hollandois. Ils n’éprouvèrent même jamais dans leur patrie les gênes qui depuis ſe ſont introduites par-tout ailleurs. Le gouvernement inſtruit que la pratique des autres états ne devoit ni ne pouvoit lui ſervir de règle, permit conſtamment à la compagnie de vendre librement, & ſans limitation, ſes marchandiſes à la métropole.