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Histoire philosophique
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acheter, s’engageoient réciproquement, les uns à en livrer, les autres à en recevoir un nombre déterminé, à un prix convenu & à un tems fixe. Leur valeur, à cette époque, fixoit le ſort des joueurs. Celui qui avoit perdu, ſoldoit avec de l’argent, & la négociation ſe trouvoit finie.

Le déſir de gagner, la crainte de perdre dans ces ſpéculations hardies, cauſoient ordinairement dans les eſprits, la fermentation la plus vive. On inventoit de bonnes ou de mauvaiſes nouvelles ; on accréditait ou l’on combattoit celles qui ſe répandoient ; on cherchoit à ſurprendre le ſecret des cours & à corrompre leurs miniſtres. La tranquillité publique fut ſi ſouvent troublée par ces intérêts opposés, que le gouvernement crut devoir prendre des meſures pour arrêter l’excès de cet agiotage. On déclara que toute vente d’actions à terme ſeroit nulle ; à moins qu’il ne fût prouvé, par les regiſtres, que le vendeur, dans le tems du marché, en avoit la propriété. Les gens délicats ne ſe crurent pas diſpenfés, par cette loi, de l’obligation de tenir leurs engagemens : mais elle devoit rendre, & rendit en effet ces opérations plus rares,