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des deux Indes.
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Dans des tems heureux, les actions s’élevèrent à un prix preſque incroyable. Elles acquirent juſqu’à huit fois leur valeur originaire. On les a vues décheoir ſucceſſivement. Au tems où nous écrivons, elles ne gagnent plus qu’environ 360 pour cent. C’eſt même plus qu’on n’en obtiendrait ailleurs qu’en Hollande, où l’on peut, où l’on ſait ſe contenter d’un intérêt de deux & trois quarts pour cent.

Ce ſigne de décadence en annonce un autre. Le dividende, qui étoit monté à trente & quarante pour cent, n’eſt plus que de douze & demi depuis pluſieurs années. S’arrêterat-il à ce terme, ou baiſſera-t-il encore ? Eſſayons de former quelques conjectures raiſonnables ſur cet important objet.

Le capital de la compagnie, ſes dettes payées, ne paſſoit pas 62 480 000 l. à la fin de 1751. Dans cette ſomme même, il n’y avoit en argent, en bon papier, & en marchandiſes dans les magaſins ou ſur les mers d’Europe & des Indes, que 38 060 000 l. Le reſte conſiſtoit en créances équivoques ou déſeſpérées, en armes, en vivres, en artillerie, en munitions de guerre, en beſtiaux,