Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/58

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Mahomet, après avoir dit : Tu rendras à l’ennemi le mois de la calamité pour le mois de la calamité, avoit ajouté : & tu mépriſeras les vaines connoiſſances de l’étranger ; l’art de la guerre eſt le ſeul que tu en apprendras ; c’étoit fait de la liberté de l’Europe. Celui qui perfectionnera le Turc dans l’art militaire, l’ennemi commun de toutes les nations. Les Janiſſaires, ces compagnons d’un deſpote, qu’ils ſont reſpecter & trembler, qu’ils couronnent & qu’ils étranglent, avoient alors de grands hommes à leur tête. Ils renverſèrent l’empire des Grecs, infatués de théologie, hébétés par la ſuperſtition. Quelques habitans de ce doux climat, qui cultivoient chez eux les lettres & les arts abandonnèrent, leur patrie ſubjuguée, & ſe réfugièrent en Italie : ils y furent ſuivis par des artiſans & des négocians. L’aiſance, la paix, la proſpérité, cet amour de toutes les gloires, ce beſoin de nouveaux plaiſirs qu’inſpirent de bons gouvernemens, favoriſoient dans le pays des anciens Romains la renaiſſance des lettres ; & les Grecs apportèrent aux Italiens plus de connoiſſance des bons modèles, & le goût de l’antiquité. L’imprimerie étoit inventée ;