Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/59

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& ſi elle avoit été long-tems une invention inutile, tandis que les peuples étoient pauvres & ſans induſtrie, depuis les progrès du commerce & des arts, elle avoit rendu les livres communs. Par-tout on étudioit, on admiroit les anciens ; mais ce n’étoit qu’en Italie qu’ils avoient des rivaux.

Rome, qui, preſque toujours, a eu dans chaque ſiècle l’eſprit qui lui convenoit le mieux pour le moment ; Rome ſembloit ne plus chercher à perpétuer l’ignorance qui l’avoit ſi long-tems & ſi bien ſervie. Elle protégea les belles-lettres & les arts, qui doivent plus à l’imagination qu’au raisonnement. Les prêtres les moins éclairés, ſavent que l’image d’un Dieu terrible, les macérations, les privations, l’auſtérité, la triſteſſe & la crainte, ſont les moyens qui établirent leur autorité ſur les eſprits, en les occupant profondément de la religion. Mais il y a des tems où ces moyens n’ont plus que de ſoibles ſuccès. Les hommes enrichis dans des ſociétés tranquilles, veulent jouir ; ils craignent l’ennui, & ils cherchent les plaiſirs avec paſſion. Quand les foires s’établirent, & lorſqu’à ces foires il y eut