Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/180

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guerre arrachoit à la maiſon de Bourbon. Les ennemis de la France s’obſtinoient cependant à détrôner Philippe V, ſans ſonger à celui qui rempliroit ſa place ; tandis que les vrais politiques, malgré leurs triomphes, ſe laſſoient d’une guerre, dont les ſuccès devenoient toujours des maux, quand ils ceſſoient d’être des remèdes.

Cette diverſité d’opinions brouilla les alliés ; & cette diſſenſion empêcha que la paix d’Utrecht n’eût pour eux tous les fruits qu’ils devoient ſe promettre de leurs proſpérités. Les meilleures barrières dont on pouvoit couvrir les provinces des alliés, étoit de découvrir les frontières de la France. Louis XIV avoit employé quarante ans à les fortifier, & ſes voiſins avoient vu tranquillement élever ces boulevards qui les menaçoient à jamais. Il falloit les démolir : car toute puiſſance forte qui ſe met en défenſe, projette d’attaquer. Philippe reſta ſur le trône d’Eſpagne ; & les bords du Rhin, la Flandre, reſtèrent fortifiés.

Depuis cette époque, aucune occaſion ne s’eſt préſentée pour réparer l’imprudence commiſe à la paix d’Utrecht. La France a