Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

toujours conſervé ſa ſupériorité dans le continent : mais la fortune en a ſouvent diminué les influences. Les baſſins de la balance politique ne ſeront jamais dans un parfait équilibre, ni aſſez juſtes pour déterminer les degrés de puiſſance, avec une exacte préciſion. Peut-être même ce ſyſtême d’égalité n’eſt-il qu’une chimère ? La balance ne peut s’établir que par des traités, & les traités n’ont aucune ſolidité, tant qu’ils ne ſont faits qu’entre des ſouverains abſolus, & non entre des nations. Ces actes doivent ſubſiſter entre des peuples parce qu’ils ont pour objet la paix & la sûreté qui ſont leurs plus grands biens : mais un deſpote ſacrifie toujours ſes ſujets à ſon inquiétude, & ſes engagemens à ſon ambition.

Mais ce n’eſt pas uniquement la guerre qui décide de la prépondérance des nations, comme on l’a cru juſqu’à nos jours. Depuis un demi-ſiècle le commerce y a beaucoup plus influé. Tandis que les puiſſances du continent meſuroient & partageoient l’Europe en portions inégales, que la politique, par ſes ligues, ſes traités & ſes combinaiſons, mettoit toujours en équilibre ; un peuple