Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/245

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de guerre & de voyages en Orient donnèrent à l’inquiétude de l’Europe un aliment dont elle avoit beſoin pour ne pas périr d’une ſorte de conſomption interne : ils préparèrent cette efferveſcence de génie & d’activité qui, depuis, s’exhala & ſe déploya dans la conquête des Indes Orientales & de l’Amérique.

Les Portugais tentèrent de doubler l’Afrique, mais avec lenteur & circonſpection. Ce ne fut qu’après quatre-vingts ans de travaux & de combats ; qu’après s’être rendus les maîtres de toute la côte Occidentale de cette vaſte région, qu’ils ſe haſardèrent à doubler le cap de Bonne-Eſpérance. L’honneur de franchir cette barrière redoutable étoit réſervé à Vaſco de Gama, qui, en 1497, atteignit enfin le Malabar, où devoient ſe porter les riches productions des plus fertiles contrées de l’Aſie. Tel fut le théâtre de la grandeur Portugaiſe.

Tandis que cette nation avoit les marchandiſes, l’Eſpagne s’emparoit de ce qui les achète, des mines d’or & d’argent. Ces métaux devinrent non-ſeulement un véhicule, mais encore une matière de commerce. Ils attirèrent d’abord tout le reſte, & comme