Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/246

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ſigne, & comme marchandiſe. Toutes les nations en avoient beſoin pour faciliter l’échange de leurs denrées, pour s’approprier les jouiſſances qui leur manquoient. L’épanchement du luxe & de l’argent du midi de l’Europe, changea la face & la direction du commerce, en même tems qu’il en étendit les limites.

Cependant les nations conquérantes des deux Indes, négligèrent les arts & la culture. Penſant que l’or devoit tout leur donner, ſans ſonger au travail qui ſeul attire l’or ; elles apprirent un peu tard, mais à leurs dépens, que l’induſtrie qu’elles perdoient, valoit mieux que les richeſſes qu’elles acquéroient ; & ce fut la Hollande qui leur fit cette dure leçon.

Les Eſpagnols & les Portugais devinrent ou reſtèrent pauvres avec tout l’or du monde ; les Hollandois furent bientôt riches, ſans terres & ſans mines. Auſſi-tôt que ces intrépides républicains ſe furent réfugiés au ſein de l’océan avec leur divinité tutélaire, la liberté, ils s’aperçurent que leurs marais ne ſeroient jamais que le ſiège de leur domicile, & qu’il leur faudroit chercher ailleurs