Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/293

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Alors ſuccomba l’empire, plutôt détruit par ces vices intérieurs que par les barbares qui le déchirèrent.

Le mépris que les Romains avoient eu pour l’agriculture dans l’ivreſſe de ces conquêtes qui leur avoient donné toute la terre ſans la cultiver, ce mépris ſe perpétua. Il fut adopté par ces hordes de ſauvages qui détruiſant par le fer une puiſſance établie par le fer, laiſſèrent à des ſerfs l’exploitation des champs, dont ils ſe réſervoient les fruits & la propriété. On méconnut ce premier des arts, même dans le ſiècle qui ſuivit la découverte des deux Indes ; ſoit qu’en Europe on fût trop occupé de guerres d’ambition ou de religion ; ſoit qu’en effet les conquêtes faites par le Portugal & par l’Eſpagne au-delà des mers, nous ayant rapporté des tréſors ſans travail, on ſe fut contenté d’en jouir par le luxe & les arts, avant de longer à perpétuer ces richeſſes.

Mais le tems vint, où le pillage ceſſa faute de pâture. Après qu’on ſe fut diſputé & partagé les terres conquiſes dans le Nouveau-Monde, il fallut les défricher, & nourrir les colons de ces établiſſemens. Comme c’é-