Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/351

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L’homme qui renonce à être père de famille, conſomme ſon patrimoine ; & d’accord avec l’état, qui lui en double la rente par des emprunts ruineux, il fond pluſieurs générations dans une ſeule ; il éteint ſa poſtérité, celle des femmes dont il eſt payé, & celle des filles qu’il paie. Tous les genres de proſtitution s’attirent à la fois. On trahit ſon honneur & ſon devoir dans toutes les conditions. La déroute des femmes ne fait que précéder celle des hommes.

Une nation galante, ou plutôt libertine ; ne tarde pas à être défaite au-dehors, & ſubjuguée au-dedans. Plus de nobleſſe, plus de corps qui défende ſes droits, ni ceux du peuple ; parce que tout ſe diviſe & qu’on ne ſonge qu’à ſoi. Nul homme ne veut périr ſeul. L’amour des richeſſes étant l’unique appât, l’homme honnête craint de perdre ſa fortune, & l’homme ſans honneur veut faire la ſienne. L’un ſe retire, l’autre ſe vend, & l’état eſt perdu. Tels ſont les progrès infaillibles du commerce dans une monarchie. On ſait, par l’hiſtoire ancienne, quels ſont ſes effets dans une république. Cependant il faut aujourd’hui porter les hommes