Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/442

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Romains. Alors, les calamités publiques tournèrent les eſprits & les cœurs vers la morale. Zénon & Démocrite, qui n’avoient été que des philoſophes naturaliſes, devinrent long-tems après leur mort, les chefs de deux ſectes de moraliſtes, plus théologiens que phyſiciens, plus caſuiſtes que philoſophes ; ou plutôt la philoſophie fut livrée & reſtreinte aux ſophiſtes. Les Romains qui avoient tout pris aux Grecs, ne découvrirent rien dans le véritable champ de la philoſophie. Chez les anciens, elle fit peu de progrès ; parce qu’elle fut preſque entièrement bornée à la morale. Chez les modernes, ſes premiers pas ont été plus heureux, parce qu’ils ont été guidés par le flambeau de la phyſique.

Il ne faut pas compter un intervalle de près de mille ans, où la philoſophie, les ſciences, les lettres & les arts ont dormi dans le tombeau de l’empire Romain, parmi les cendres de l’antique Italie & la pouſſière des cloîtres. L’Aſie en conſervoit les monumens ſans en jouir ; & l’Europe, quelques débris ſans les connoître. Le monde étoit chrétien ou mahométan, enſeveli par-tout