Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/20

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cauſes conſtantes ſont fixées ſur la partie du globe qu’il habite. Les cauſes variables ſont confirmées dans ſes annales, & manifeſtées par les effets qu’elles ont produits. Tant que ces cauſes agiſſent contradictoirement, la nation eſt inſensée. Elle ne commence à prendre l’eſprit qui lui convient, qu’au moment où ſes principes ſpéculatifs conſpirent avec ſa poſition phyſique. C’eſt alors qu’elle s’avance à grands pas vers la ſplendeur, l’opulence & le bonheur qu’elle peut ſe promettre du libre uſage de ſes reſſources locales.

Mais cet eſprit, qui doit préſider au conſeil des peuples, & qui n’y préſide pas toujours, ne règle preſque jamais les actions des particuliers. Ils ont des intérêts qui les dominent, des paſſions qui les tourmentent ou les aveuglent ; & il n’en eſt preſque aucun qui n’élevât ſa proſpérité ſur la ruine publique. Les métropoles des empires ſont les foyers de l’eſprit national, c’eſt-à-dire, les endroits où il ſe montre avec le plus d’énergie dans le diſcours, & où il eſt le plus parfaitement dédaigné dans les actions. Je n’en excepte que quelques circonſtances rares, où il s’agit du ſalut général. À meſure que la diſtance de