Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/21

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la capitale s’accroît, ce maſque ſe détache. Il tombe ſur la frontière. D’un hémiſphère à l’autre que devient-il ? rien.

Paſſé l’équateur, l’homme n’eſt ni Anglois, ni Hollandois, ni François, ni Eſpagnol, ni Portugais. Il ne conſerve de ſa patrie que les principes & les préjugés qui autoriſent ou excuſent ſa conduite. Rampant quand il eſt foible ; violent quand il eſt fort ; preſſé d’acquérir, preſſé de jouir ; & capable de tous les forfaits qui le conduiront le plus rapidement à ſes fins. C’eſt un tigre domeſtique qui rentre dans la forêt. La ſoif du ſang le reprend. Tels ſe ſont montrés tous les Européens, tous indiſtinctement, dans les contrées du Nouveau-Monde, où ils ont porté une fureur commune, la ſoif de l’or.

N’auroit-il pas été plus humain, plus utile & moins diſpendieux, de faire paſſer dans chacune de ces régions lointaines quelques centaines de jeunes hommes, quelques centaines de jeunes femmes ? Les hommes auroient épousé les femmes, les femmes auroient épousé les hommes de la contrée. La conſanguinité, le plus prompt & le plus fort des liens, auroit bientôt fait, des étrangers &