Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/200

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ſorti du Bréſil, en or, deux milliards quatre cens millions de livres. Cependant tout le numéraire de Portugal ſe réduiſoit, à cette dernière époque, à quinze ou vingt millions ; & cet état en devoit cent ou davantage.

Mais ce que Liſbonne perdoit, Londres le gagnoit. L’Angleterre n’étoit appelée par ſes avantages naturels, qu’à être une puiſſance du ſecond ordre. Quoique les changemens arrivés ſucceſſivement dans ſa religion, dans ſon gouvernement, dans ſon induſtrie, euſſent amélioré ſa ſituation, augmenté ſes forces, développé ſon génie ; il ne lui étoit pas poſſible de parvenir à un premier rôle. Elle avoit éprouvé que ces moyens, qui, dans les gouvernemens anciens, pouvoient élever un peuple à tout, lorſque ſans liaiſons avec ſes voiſins, il ſortoit pour ainſi dire ſeul de ſon néant, n’étoient pas ſuffiſans dans les tems modernes, où la communication des peuples rendant les avantages de chacun commun à tous, laiſſoit au nombre & à la force leur ſupériorité naturelle. Depuis que les ſoldats, les généraux, les nations ſe vendoient pour faire la guerre ; depuis que l’or ouvroit tous