Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/201

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les cabinets & faiſoit tous les traités, l’Angleterre avoit appris que la grandeur d’un état dépendoit de ſes richeſſes, & que ſa puiſſance politique ſe meſuroit ſur la quantité de ſes millions. Cette vérité, qui avoit dû ſans doute affliger ſon ambition, lui devint favorable auſſi-tôt qu’elle eut déterminé le Portugal à recevoir d’elle ſes premiers beſoins, & qu’elle l’eut lié, par des traités, à la néceſſité de les recevoir toujours. Dès lors ce royaume ſe trouva dans la dépendance de ſes faux amis, pour la nourriture & le vêtement. C’étoit, ſelon l’expreſſion d’un politique, comme deux ancres que les Bretons avoient jetées dans cet empire. Ils allèrent plus loin ; ils lui firent perdre toute conſidération, tout poids, tout mouvement dans la combinaiſon des affaires générales ; en lui perſuadant de n’avoir ni forces, ni alliances. Repoſez-vous ſur nous de votre sûreté, lui diſoient les Anglois ; nous négocierons, nous combattrons pour vous.

C’eſt ainſi que ſans avoir prodigué ni ſang, ni travaux, ſans avoir éprouvé aucun des maux qu’entraînent les conquêtes, ils ſe rendirent bien plus maîtres du Portugal,